Adrien Hardy a terminé 4ème au classement général de cette 51ème édition. Rappelons que c’est seulement début juin que le marin nantais s’est inscrit à la Solitaire suite à son partenariat avec Océan Attitude. Marie-Laure Boulot, propriétaire du Figaro Bénéteau 3 n°35, lui a ainsi permis de disputer cette course et de porter des messages forts sur les enjeux écologiques en lui prêtant son voilier. « Grâce à cette confiance, ce soutien et cette liberté de parole, j’ai vécu une très belle Solitaire : satisfaisante sur le plan du résultat, sportivement passionnante, et très riche sur le plan humain. Sur cette course, on connaît un dépassement de soi et des émotions dont l’intensité, je crois, n’a pas d’équivalent ailleurs. », témoigne Adrien.
« J’étais très content d’être en mer. Dans le contexte actuel, l’expérience de l’océan comme espace de liberté était encore plus accentuée. Le fait d’être seul en mer me procure beaucoup de plaisir et le jeu de la régate reste une passion très forte. Après douze participations, je suis très attaché à cette course ! »
Un voyage dans un paysage grandiose malmené par l'activité humaine
« Si je reprends le déroulé de la dernière étape, en passant au large du pays d’Étretat avec ses hautes falaises, on sentait des odeurs d’herbes séchées qui nous venaient de la terre. Un peu plus loin, on passe en Manche avec la pollution des fumées cargos, visible dans le ciel et très olfactive. Plus loin, on a la Bretagne avec des amas d’algues et des quantités de plastiques. On voit aussi la vie sauvage, les dauphins et les thons sauter, mais les traces de l’être humain me préoccupent énormément. »
Allier performance et respect de l'environnement
« À mon sens, la performance n’est aujourd’hui plus la seule raison de faire du sport, il faut avant tout en faire proprement. Le but ultime n’est pas de gagner, mais de le faire le plus respectueusement possible. Certains imaginent et pratiquent une agriculture sans pétrole, il faudrait viser le même objectif pour notre sport. Certes, notre moyen de propulsion, le vent, est naturel, mais nous avons une importante marge de manœuvre sur tous les matériaux que nous utilisons pour 'optimiser' notre performance : protection de la coque, composition des voiles, production d’électricité, sobriété générale de la course au large, etc.
Abandonner, comme je l’ai fait partiellement, nos voiles issues uniquement du kevlar (fibres synthétiques issues du pétrole), pour aller vers des voiles contenant majoritairement ou entièrement des fibres naturelles. Cela semble un pas important, et pourtant, ce n’est qu’une des dimensions du coût écologique de notre sport : il faut mesurer la globalité de notre impact et réfléchir à une série de transformations.
De même que la croissance économique ne devrait plus être la finalité de la vie sociale, on ne devrait plus considérer la performance sans le respect de l’environnement. La croissance, comme la compétition coûte que coûte, est un non-sens. Et pourtant, j’adore la compétition au sens de l’émulation, mais j’essaie en parallèle de transformer mes habitudes pour diminuer l’impact de notre sport sur l’environnement. Notre sport pourrait être inventif dans ce domaine : il faut pour cela réfléchir collectivement, expérimenter et changer notre règlement. »